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Le chocolat, un patrimoine bien bruxellois

Le 6 mai 2025, « la tradition et le savoir-faire du chocolat à Bruxelles » ont été officiellement inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la Région bruxelloise.

Confection pralines
© Choco Story Brussels

Cette belle initiative a été portée par le Cabinet de la Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, Urban et l’asbl I Love Belgian Chocolate. Le chocolat rejoint ainsi d’autres symboles culinaires bruxellois : bière, frites, spéculoos, chicon… et devient le 22ᵉ élément constitutif de l’identité et de la culture bruxelloise !

Bruxelles est la première région du pays à inscrire cette tradition à son inventaire culturel immatériel. Un bel hommage pour ce savoir-faire unique qui, depuis plus de 100 ans, continue à faire le renom de notre pays et de Bruxelles en particulier, berceau de grands noms du chocolat et de créations iconiques comme la praline et son ballotin, mais aussi lieu de transmission d’une tradition artisanale en constant renouvellement.

→ Et si vous profitiez de l’été pour (re)découvrir ce savoir-faire exceptionnel en famille ?

Bruxelles et le patrimoine culturel immatériel

Le patrimoine culturel immatériel (PCI) est un patrimoine vivant qui, au-delà des traditions et des pratiques transmises de génération en génération, continue à évoluer grâce à l’implication des communautés patrimoniales. 

Défini par la Convention de 2003 de l’UNESCO relative à la sauvegarde du PCI – ratifiée par la Belgique en 2006 –, il se manifeste dans différents domaines comme les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et savoir-faire artisanaux. 

Capitale multiculturelle, Bruxelles n’en possède pas moins une identité propre, avec des traditions parfois ancestrales mais bien vivantes, dont la sauvegarde est un réel défi dans une région en constante mutation. Comme pour les patrimoines mobilier, immobilier et naturel, c’est Urban qui veille à la préservation du patrimoine immatériel de la Région, notamment grâce à un inventaire qui identifie et met en valeur les pratiques culturelles emblématiques de l’identité bruxelloise, en étroite collaboration avec les communautés patrimoniales.

Urban accompagne aussi le processus de reconnaissance du PCI bruxellois au patrimoine culturel immatériel de l’humanité à l’UNESCO. Six éléments y sont repris à ce jour, dont le dernier en date : la culture foraine en France et en Belgique (2024).

La tradition et le savoir-faire du chocolat à Bruxelles

Pavillon Côte d’Or à l’Exposition universelle de 1935 + Atelier de torréfaction de la Confiserie-Chocolaterie Antoine
Pavillon Côte d’Or à l’Exposition universelle de 1935 © Livre d’Or de l’Exposition • Atelier de torréfaction de la Confiserie-Chocolaterie Antoine, rue Keyenveld à Ixelles, ca 1900 © coll. Belfius Banque ARB-SPRB

○ Une longue histoire d’amour

Arrivé en Europe au XVIᵉ siècle grâce aux conquistadors espagnols, le chocolat connaît un véritable essor avec la révolution industrielle : de nombreuses fabriques voient le jour dans le courant du XIXᵉ siècle, notamment dans la capitale belge. En 1883, le chocolatier bruxellois Charles Neuhaus fonde Côte d’Or, l’iconique marque à l'éléphant. Quelques décennies plus tard, Bruxelles voit naître des maisons emblématiques comme Mary, Godiva ou Corné.

En 1912, Jean Neuhaus Jr, dont la boutique située Galerie de la Reine figure parmi les pionnières, invente la praline. En 1915, son épouse, Louise Agostini, crée le fameux ballotin pour les présenter avec élégance. En 1935 et 1958, les expositions universelles de Bruxelles contribuent à la notoriété du chocolat avec d’impressionnants pavillons tels ceux de Côte d’Or, qui lance pour ces occasions de nouvelles créations comme la barre “Dessert 58”.

Aujourd’hui, Bruxelles est un véritable paradis pour les gourmands : plus de 150 entreprises et 200 boutiques et ateliers y célèbrent ce savoir-faire unique !

○ Un phénomène culturel

Avec une consommation moyenne de 7 kg par Belge par an, le chocolat constitue dans le pays, et à Bruxelles en particulier, un véritable phénomène culturel. Plus qu’un produit, c’est un « art de vivre à la belge », omniprésent dans les pratiques sociales, les célébrations – comme la Saint-Valentin ou la Saint-Nicolas – et les recettes. Cet attachement national touche jusqu’à la royauté, avec la reconnaissance de plusieurs marques comme « Fournisseurs Brevetés de la Cour de Belgique ». Des portraits de la famille royale ornent d’ailleurs de nombreuses boîtes de chocolats depuis l’entre-deux-guerres.

○ Un savoir-faire des plus raffinés

L’inscription du chocolat au patrimoine immatériel bruxellois, c’est aussi la reconnaissance d’un savoir-faire particulier. Mettant en avant la qualité et le goût, par un choix soigneux des meilleurs ingrédients, les artisans-chocolatiers bruxellois s’attachent à préserver les techniques ancestrales et les recettes emblématiques tout cherchant toujours à innover, une volonté qui caractérisait déjà leurs prédécesseurs. Être chocolatier artisanal à Bruxelles au XXIᵉ siècle, c’est aussi relever le défi de la durabilité, afin de garantir sa réputation et se distinguer de la concurrence.

○ Partage et transmission

Pour rester vivants, tradition et savoir-faire doivent être partagés et transmis. À Bruxelles, le public peut découvrir l’histoire et la passion du chocolat au sein de musées entièrement dédiés au sujet ainsi que grâce à de nombreux ateliers organisés au sein des musées et chez les artisans eux-mêmes. En matière de transmission, le métier de chocolatier connait un engouement sans précédent auprès de la jeune génération, comme en témoigne l’augmentation des inscriptions dans les écoles et centres de formation bruxellois.

○ Un secteur tourné vers l’avenir

Malgré les défis auxquels il est confronté, le secteur est porteur d’avenir pour les futurs jeunes talents bruxellois. Ils peuvent s’appuyer sur une tradition bien ancrée et un savoir-faire nourri de créativité, une richesse culturelle désormais officiellement reconnue en Région bruxelloise.

Sur la piste du chocolat à Bruxelles

Tout immatérielle qu’elle soit, la longue tradition du chocolat a marqué Bruxelles de son empreinte, tant au niveau des objets qui y sont liés que de son patrimoine architectural. Ces précieux témoins sont recensés dans les inventaires des patrimoines mobilier et immobilier de la Région, de riches bases de données créées et alimentées par Urban.

Chocolats au Eat! Festival 2017
Eat! Festival 2017 © visit.brussels - Eric Danhier

L’inventaire du patrimoine immatériel

Dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, on retrouve le chocolat, mais aussi 21 autres traditions, parmi lesquelles le spéculoos, la culture de la bière, celle du fritkot ou encore la zwanze !

Les équipes d’Urban ont aussi pour mission de soutenir des actions de valorisation de ces traditions et d’y sensibiliser le grand public, comme lors des Heritage Days / Journées du Patrimoine.

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Chocolatière par l’orfèvre Guillielmus Van Eesbeeck
Chocolatière par l’orfèvre Guillielmus Van Eesbeeck, ca 1730 © Musées de la Ville de Bruxelles

L’inventaire du patrimoine mobilier

Cet inventaire a pour objectif de présenter toute la richesse du patrimoine culturel mobilier de la Région bruxelloise, conservé dans les collections d’institutions publiques et privées. Parmi eux, une belle série d’artefacts liés à la tradition du chocolat, remontant pour certains jusqu’au XVIIIᵉ siècle : supports publicitaires au MoMuse, vaisselle dédiée à la Maison du Roi, moule et torréfacteur anciens à La Fonderie…

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Ancienne Manufacture des biscuits et desserts Victoria
Ancienne Manufacture des biscuits et desserts Victoria, rue De Neck 20-26 à Koekelberg, 2023 © urban.brussels

L’inventaire du patrimoine immobilier

Dans cet inventaire sont recensées plusieurs anciennes chocolateries établies dans les différentes communes bruxelloises à partir du XIXe siècle, comme Antoine (1850) à Ixelles, l’ancienne biscuiterie et chocolaterie Victoria à Koekelberg, ou encore Ruelle et Lecocq (1881) à Anderlecht. C’est dans cette dernière commune, rue Bara, que se trouvait jusqu’aux années 1990 l’usine Côte d'Or : elle dégageait une odeur dont certains Bruxellois et Bruxelloises se rappellent encore…

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Modèles des premiers ballotins de pralines Neuhaus
Modèles des premiers ballotins de pralines Neuhaus par Louise Agostini, 1915 © KIK-IRPA_urban.brussels