Des fouilles, des os préhistoriques et une meilleure compréhension de l’histoire de notre territoire
Une supervision archéologique est organisée par Urban en collaboration avec les Musées royaux d'Art et d'Histoire, sur le site de la station Toots Thielemans actuellement en travaux par la STIB dans le cadre du métro 3. L’archéologie urbaine préventive est en effet l’une des missions fondamentales d’Urban, en charge de la protection, la valorisation et la transmission du patrimoine. L’organisation de tels chantiers de fouilles est loin d’être exceptionnelle. Des recherches archéologiques sont régulièrement opérées par Urban ou en étroite collaboration avec d’autres institutions culturelles sur tout le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. L’objectif étant de découvrir et sauvegarder une partie des richesses archéologiques susceptibles d’être mise au jour, mais qui risquent également d’être rapidement détruites lors de travaux menés dans les sols ou projets de construction.
Suite à la découverte, Bea De Cupere, archéozoologue à l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, et travaillant pour Urban dans le cadre d'une convention entre la Région de Bruxelles-Capitale et l'Institut, s'est rendue sur place pour une première identification.
« Parmi les restes osseux découverts se trouvent un fémur de mammouth, un fragment de défense de mammouth ainsi que des bois de cerf élaphe et une mandibule de cerf élaphe ou de mégalocéros (cerf géant). Ces éléments ont été découverts sur une profondeur de 8 à 9 mètres dans des couches sédimentaires datant de la dernière période glaciaire (il y a environ 120.000 à 11.700 ans). En l'absence d'artefact associé, seule une datation au radiocarbone pourra donner une datation plus précise. » déclare de Bea De Cupere, archéozoologue à l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
Les découvertes préhistoriques, un fait rare à Bruxelles
Les découvertes de faune préhistorique sont assez rares dans notre région et surviennent principalement lors de travaux d'envergure tels que la construction de métros ou de parkings souterrains très profonds, comme en témoigne la découverte en 2018 d'un fragment de défense de mammouth rue de Quatrecht à Schaerbeek.
En septembre 1972, entre les rues Grétry et des Riches-Claires, un fragment de défense mammouth fut découvert à 12,60m de profondeur. Pendant les mêmes travaux de l’axe de métro nord-sud, des os de rhinocéros laineux ont été découvert sous la voirie du boulevard Anspach. Ces ossements sont donc souvent associés aux alluvions de l'ancien lit de la Senne à des profondeurs variant entre 8 et 12 mètres, mais pas seulement. En 1912, lors des travaux de terrassements pour la construction d’un immeuble au 165 avenue de Tervueren, à Woluwe-Saint-Pierre, des restes osseux de rhinocéros laineux avaient été découverts ensemble avec un biface intact (mais malheureusement perdu aujourd’hui) réalisé par un Néandertalien et datant du Paléolithique moyen (entre 124.000 et 34.000 ans).
Enfin, dans les années 80, lors des travaux de terrassement de la station Gare du Midi, des ossements d’animaux préhistoriques (mammouths, cerfs, bisons…), datant de 30.000 ans, ont été découverts. Une convention de prêt d’ossements a dès lors été conclue entre l’Institut royal des Sciences naturelles et la STIB. Dès 1988, ces ossements ont été exposés dans une vitrine. Celle-ci a été rénovée en 2017 et agrémentée d’un décor scénographique et d’un éclairage valorisant les ossements.
Valorisation et poursuite des fouilles
Après les analyses et les mesures de protection réalisées, Urban entamera la réflexion sur la valorisation de ces artefacts exceptionnels avec comme objectif de les faire découvrir au grand public. Installation au sein des collections régionales, exposition temporaire sur la thématique de la préhistoire aux Halles Saint-Géry, prêt au Musée royal des Sciences naturelles ou présentation dans une station de métro de la STIB, différentes pistes sont sur la table.
En parallèle, les travaux de terrassement de la station de métro Toots Thielemans par la STIB se poursuivront dans la même zone et à la même profondeur jusqu’en mars 2024. En raison du potentiel archéologique, une attention particulière y sera accordée par les archéologues d’Urban afin de découvrir d’éventuels nouveaux ossements de faune préhistorique.
La collaboration proactive entre Urban et la STIB en matière de fouilles archéologiques préventives se poursuivra dans les prochains mois et années tout au long du chantier Métro 3.