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Après 100 ans, le bureau d’Edmond van Eetvelde est reconstitué

L’Hôtel van Eetvelde, réalisation emblématique de l’Art nouveau et chef-d’œuvre de Victor Horta, est inscrit depuis 2000 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Divisé depuis 1921, la partie de l’hôtel située au n°2, avenue Palmerston est redevenue propriété publique en juillet 2022 suite à son acquisition par la Région bruxelloise. Cette extension, construite en 1899, abrite le remarquable bureau d’apparat d’Edmond van Eetvelde, alors Secrétaire d’État de l’État indépendant du Congo. Il retrouve aujourd’hui son décor d’origine dans le cadre de la politique culturelle du patrimoine mobilier mise en œuvre par Urban. 

Le cabinet de travail d’Edmond van Eetvelde est l’un des ensembles les mieux conservés de mobilier intégré conçu par Horta et constitue l’une des pièces iconiques de l’Hôtel van Eetvelde. L’aménagement originel de la pièce est bien documenté grâce à des photographies anciennes prises vers 1900. Il se compose notamment de lambris et bibliothèques en bois exotiques (padouk et acajou africains, et loupe d’érable d’Amérique du Nord) ainsi que d’une majestueuse cheminée en marbre rose et laiton doré. 

Toutefois, le bureau qui trônait autrefois au centre de la pièce — pièce maîtresse réalisée par Henri Pelseneer, l’ébéniste de Victor Horta —, avait manifestement disparu vers 1925, à la mort d’Edmond van Eetvelde.

Reconstitution de ce trésor Art Nouveau

Depuis 2023, Urban et le LAB·AN, qui offrent au public l'opportunité d'accéder au bâtiment 3 jours par semaine, œuvrent à la reconstitution fidèle de ce bureau tel qu’il avait été conçu à l’époque, en réintégrant des objets similaires à ceux visibles sur les photos historiques. 

Grâce à la vigilance d’un collectionneur hollandais et du réseau du patrimoine bruxellois, cette pièce iconique de l’Hôtel van Eetvelde a aujourd’hui retrouvé une partie de son décor : le meuble-bureau d’Edmond van Eetvelde et le bronze de Victor Rousseau ont retrouvé leur place d’origine.

© urban.brussels
© urban.brussels

Le bureau

Cette pièce maîtresse, qui possède les mêmes moulures et essences de bois que les lambris et les bibliothèques du bureau, présente également plusieurs détails qui ont permis de l’authentifier avec certitude.

© Cabinet Persoons
© Cabinet Persoons

« Le liseur »

Par ailleurs, un tirage du bronze intitulé «Le liseur» du sculpteur bruxellois Victor Rousseau, réalisé en 1897 et identifié comme étant la sculpture qui ornait le bureau en 1900, a également été retrouvé dans une salle de vente à Berlin et a pu reprendre sa place sur le bureau. 

© urban.brussels
© urban.brussels

Les instruments à feu

Afin de compléter cette reconstitution, les instruments à feu, dont la conservation est assurée par le Musée Horta, ont également retrouvé leur place au pied de la cheminée du bureau pour l’occasion. Sur les flancs de la cheminée, des volutes saillantes attirent l’attention. Ces élégantes excroissances n’étaient pas de simples ornements : elles servaient à suspendre les instruments à feu. 

Ces objets utilitaires illustrent à merveille la logique décorative de Victor Horta. Chez Horta, la décoration n’est jamais un élément gratuit : elle exprime toujours une fonction ou souligne une structure. Les instruments donnent à présent tout leur sens à la forme du pied de la cheminée, dont on comprend désormais la fonction au-delà de son aspect décoratif.

Une politique patrimoniale active menée par les équipes d'Urban 

Cette réintégration s’inscrit dans le contexte de la politique muséale et des compétences culturelles transférées à la Région bruxelloise suite à la VIe Réforme de l’État, mises en œuvre par Urban grâce à son Département dédié au patrimoine culturel mobilier. 

Depuis 2014, Urban a en effet pour mission d’inventorier, protéger, conserver et valoriser notre patrimoine régional mobilier, en collaboration avec de nombreuses institutions publiques et privées. 

Le site web collections.heritage.brussels, développé par ses équipes, centralise aujourd’hui une base évolutive de milliers d’objets illustrés issus de collections variées, les rendant ainsi accessibles à toutes et tous. 

La reconstitution du bureau d’Edmond van Eetvelde s’inscrit dans cette politique muséale et de valorisation du patrimoine mobilier et illustre la richesse des synergies entre institutions pour faire revivre notre héritage bruxellois.

Au cœur du système colonial

Au-delà de la redécouverte d’un élément majeur du patrimoine Art nouveau, cet évènement est aussi symbolique pour l’histoire coloniale de notre pays. En effet, le commanditaire de l’hôtel, Edmond van Eetvelde, est alors Secrétaire d’État de l’État indépendant du Congo — vaste territoire au cœur de l’Afrique, propriété personnelle du roi des Belges Léopold II. 

De 1894 à 1899, van Eetvelde exerçait la plus haute autorité sur ce territoire, immédiatement après le souverain lui-même. Sa mémoire reste directement associée aux nombreux crimes perpétrés contre la population congolaise à l’époque où il dirigeait l’état — des violences à grande échelle pour lesquelles il porte une part de responsabilité de par la mise en place depuis Bruxelles du système administratif et économique qui a favorisé leur développement.

Decolonisation Plandaction Bilingue

L’espace public est chargé de références à l’histoire et de traces symboliques (fresques, statues, monuments, etc.) qui valorisent notamment le pouvoir colonial. Ces représentations symboliques établissent des échelles de valeur et des hiérarchies de pouvoir au sein de l’espace public et promeuvent des stéréotypes raciaux. Urban s’est engagé à remédier à cette situation et œuvre à la mise en place d’un espace public plus inclusif. Découvrez notre section dédiée à la mise en œuvre du plan d’action "Vers la décolonisation de l’espace public en Région de Bruxelles-Capitale".

En savoir plus sur la décolonisation de l’espace public

L'Hôtel van Eetvelde & le LAB·AN

Jonathan Ortegat © urban.brussels
Jonathan Ortegat © urban.brussels

Visiter l’Hôtel van Eetvelde et découvrir les activités du LAB·AN

Le LAB·AN, fondé à l’occasion de l’année Art nouveau 2023, est un espace de promotion de l’Art nouveau qui propose un regard contemporain autour de cet héritage culturel belge, bruxellois et international et de toutes les thématiques qu’il englobe. Il est situé au sein de l’Hôtel van Eetvelde.

Découvrez le LAB·AN, l’Hôtel van Eetvelde et bien d’autres bâtiments historiques grâce au Pass Art Nouveau & Art Deco.
Séverin Malaud © urban.brussels
Séverin Malaud © urban.brussels

Découvrir le bâtiment sur l’inventaire du patrimoine architectural

L’inventaire du patrimoine architectural en ligne est une banque de données riche de plusieurs milliers de fiches historiques et descriptives, accompagnée d'un glossaire illustré.

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Le bureau d'Edmond van Eetvelde vers 1900 et sa reconstitution en 2025 | © urban.brussels
Le bureau d'Edmond van Eetvelde vers 1900 et sa reconstitution en 2025 | © urban.brussels